La journée des barricades

QUAND LE PEUPLE CROIT TOUT POUVOIR HASARDER, IL N’EST RIEN QU’IL NE PUIISE ACCOMPLIR
Je donnai mes ordres en deux paroles, et ils furent exécutés en deux moments…
Le mouvement fut comme un incendie subit et violent, qui se prit du Pont-Neuf à toute la ville. Tout le monde, sans exception, prit les armes. L’on voyait des enfants de cinq et six ans avec les poignards à la main ; on voyait les mères qui les leur apportaient elles-mêmes. Il y eut dans Paris plus de douze cents barricades en moins de deux heures, bordées de drapeaux et de toutes les armes que la Ligue avait laissées entières… Tout le monde cria : «Vive le Roi !»mais l’écho répondit : «Point de Mazarin ! »
Paul de Gondi, futur cardinal de Retz, joua un rôle primordial, quoique sinueux, dans les troubles de la Fronde (1648-1652).
Par ambition plus que par conviction, il mit d’abord son réseau d’abbés et de libellistes, de spadassins et de libertins au service du parti parlementaire en lutte contre Mazarin. Il saisit l’occasion, dans ces instants séditieux, de déployer son goût de l’intrigue, ne se fiant qu’à sa redoutable finesse. Le récit de l’insurrection initiale du 26 août 1648, qui vit le peuple de Paris en imposer au pouvoir royal, est le plus captivant morceau de ses
Mémoires, copieusement lardés d’anecdotes historiques et de maximes politiques qui ont fait sa seule gloire : celle d’un conteur hors-pair, plus
pénétrant que sage.