Cet ouvrage commence par une biographie du philosophe Max Stirner, s’inscrivant dans le contexte du grand débat philosophique de l’Allemagne des années 1840, opposant entre eux les disciples de Hegel (Feuerbach, Marx, Bakounine…). Ce récit est suivi d’une explication très claire de son maître ouvrage, L’Unique et sa propriété, qui a influencé la pensée et les élans individualistes peu ou prou révolutionnaires, de Nietzsche, Georges Darien ou Zo d’Axa à Raoul Vaneigem et Michel Onfray, en passant par les existentialistes ou les surréalistes, B. Traven ou Victor Serge.
Il est suivi de l’étude de Daniel Joubert sur la critique laborieuse que fit K. Marx de L’Unique et de « saint Max » dans L’Idéologie allemande déjà paru (L’insomniaque, 1997). Le tout est accompagné d’une bibliographie exhaustive et d’une iconographie variée. Cet ouvrage explore le rapport compliqué entre individualisme radical et association communautaire tel qu’il apparaît de nos jours dans le contexte de la triomphante dichotomie individualisme hédoniste-uniformité marchande.
Le texte de Tanguy L’Aminot a l’immense mérite de rendre limpide une pensée un peu hermétique. En se penchant sur la postérité de la pensée de Stirner, il nous aide à comprendre pourquoi tant de réfractaires, d’insoumis et de poètes « maudits » ont préféré le modèle stirnérien au modèle marxo-bakouninien teinté ou non de Proudhonisme.
Si Stirner lui-même est mal connu en France, ses exigences et son exaltation de la subjectivité y ont suscité bien des échos en de nombreux autres pays. C’est pourquoi il nous a semblé important de faire connaître sa pensée pour ce qu’elle était au juste et de la rendre en même temps accessible au plus grand nombre.
En apostille, le texte de Daniel Joubert vient éclairer l’opposition entre Marx et Stirner,
telle qu’elle traça pour longtemps une fracture
dans les rangs de la révolte et de la critique
du monde marchand, fracture plus politique et
« psychologique », entre marxistes et
bakouninistes au sein de
la Première Internationale.