Le mouvement luddite (1811-1817) tenta avec vigueur de résister à l’introduction des machines dans l’industrie textile et amena le pays au bord de l’insurrection. Le propos de l’auteur est, en outre, de démystifier le mouvement luddite et de souligner l’aspect révolutionnaire et social de ces premiers balbutiements d’un prolétariat révolté contre la société capitaliste en formation. Un appendice sur les poètes romantiques contemporains
« engagés » éclaire les origines de ce mythe.
Cette narration parfois picaresque est également l’occasion de décrire le contexte et les principaux acteurs tant du capitalisme industriel naissant que du rejet des nouveaux rapports sociaux qu’imposait celui-ci. On y voit ainsi agir les sociétés secrètes ouvrières ou radicales et la bourgeoisie manufacturière en pleine ascension, et se démener une aristocratie sur le déclin mais encore maîtresse des armes et des lois.
On y voit aussi vaciller des institutions confiées à des politiciens déconcertés par les transformations économiques, sociales et culturelles, mais prompts à sévir…
Dépassant les visions biaisées des briseurs de machines luddites – qu’ils soient vilipendés comme passéistes ou exaltés comme visionnaires –, souvent décrits comme en guerre contre le
« progrès » technique, le récit dessine en filigrane l’universalité et l’actualité de cette révolte populaire fondatrice qui marquera pour longtemps les profonds antagonismes opposant la bourgeoise, rentière ou entrepreneuse, aux travailleurs, déqualifiés pour être mieux surexploités.