Florence, été 1378 : les ouvriers de la laine s’insurgent contre l’oligarchie qui gouverne la république toscane. Ils réclament une répartition plus équitable des revenus de l’industrie textile et une démocratisation du système corporatif qui régit la cité. Ils s’emparent de la ville et imposent de nouvelles institutions plus égalitaires. Trahis par leurs alliés au sein de la bourgeoisie ascendante, ils perdront, après une répression féroce, tout ce qu’ils ont conquis. Puis les anciens maîtres reviendront, chassant les démagogues qui ont manipulé et dupé le petit peuple. « Qu’on se garde d’exciter une sédition dans une ville en se flattant de pouvoir l’arrêter ou la diriger à sa volonté. » Telle est la célèbre maxime qu’illustre Machiavel dans le récit de cette première révolte ouvrière majeure de l’histoire.
Ce récit prenant et magistral vient comme une évidence côtoyer les autres titres de la collection Petites Insomnies, vouée aux petits classiques de la subversion à travers les âges.
Il contient notamment la célèbre harangue aux Ciompi, diatribe très incendiaire dans laquelle Machiavel se drape dans les haillons d’un tribun du peuple pour mettre en garde les puissants contre les nouveaux dangers qui menacent leur domination et tout l’ordre social.
C’est un toute autre Machiavel que celui du Prince qui se révèle dans ces lignes, tirées des Histoires florentines : ici la plèbe des villes n’est plus seulement une masse que l’on trompe et manipule, c’est l’acteur majeur de l’histoire, comme aux temps des Gracques ou des révolutions populaires de siècles plus récents.
L’avant-propos, qui éclaire le contexte du récit de Machiavel, est dû à Pagolo della Boda, l’un des pseudonymes d’un des membres de L’insomniaque mieux connu sous celui de Julius van Daal.