Marcel Vinsard, l’homme aux mille modèles

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Au creux d’un virage, en Isère, La petite Brute s’est attardée dans le long jardin de Marcel Vinsard, ancien coiffeur devenu créateur qui décoiffe. Amateur de records, cet inspiré du bord des routes, a campé plus de mille «modèles » en lisière de ville, à la fin d’une de ces existences qui ignorent habituellement l’art. Cela fait de son site l’environnement populaire d’autodidacte le plus abondamment peuplé de statues brutes ou naïves.
Ce n’est pas un artiste, mais un homme que l’art savant intrigue, certes. Les longues figures étirées de Giacometti l’ont frappé, comme s’il avait perçu dans leur errance figée un écho de sa propre solitude. Et c’est en couchant, littéralement, la Joconde dans son lit, qu’il riposte à l’émiettement croissant des relations humaines – qui ne ronge pas seulement sa propre vie, mais aussi la société toute entière.
Marcel Vinsard revitalise ainsi l’art lui-même. En même temps, il remet à leur place les prétendus « grands de ce monde ». Dirigeants, notables, curés, vedettes et autres monstres se bousculent autour de son chalet au mépris de toute préséance et des conventions imposées par les médias et la vox populi.