TUER N’EST PAS ASSASSINER

Le propos
Londres, 1657 : un attentat contre le dictateur Oliver Cromwell vient d’échouer.
Le colonel Sexby, l’un de ses organisateurs, fait paraître peu après un pamphlet où il en appelle ouvertement à l’assassinat du tyran. Pour susciter parmi ses lecteurs des vocations d’assassin, il commence par poser trois questions : Cromwell est-il ou n’est-il pas un tyran ? S’il l’est, est-il légitime de faire justice sommaire de sa tyrannie, c’est-à-dire de le tuer en usant de tout moyen possible ? Enfin, si cet acte est légitime, s’avérera-t-il profitable ou nuisible à la République ?
L’auteur y répond en déployant une argumentation irréfutable, fondée tant sur la philosophie antique que sur la Bible – et rédigée avec une maîtrise du style baroque de l’époque qui embellit sa haine. Chose assez rare, c’est l’appel à l’assassinat qui pourrait être, dans ces pages homicides, considéré comme un des beaux-arts…
Ce pamphlet est le plus célèbres de ceux qui parurent pendant la trouble période de la Révolution anglaise et de la dictature subséquente de Cromwell. Il a donc toute sa place dans la collection Petites Insomnies, consacrée aux petits classiques de la subversion à travers les âges. Est-il besoin d’ajouter que son propos est toujours d’actualité, en un temps où prolifèrent les autocrates et les oppresseurs ?

L’auteur
Le colonel Sexby avait appartenu à la fraction radicale des Niveleurs pendant la Révolution anglaise, combattant vaillamment dans les armées du Parlement contre celles du roi Charle Ier, exécuté en 1649.

Il s’était ensuite retourné contre Cromwell lorsque celui-ci instaura sa dictature personnelle et était passé au service du fils du roi décapité, le futur Charles II.
Sexby fit circuler sous le manteau son pamphlet, qui rencontra un grand succès au sein d’une population lasse de la dictature rigide de Cromwell. Mais il fut arrêté et mourut en prison quelques semaines plus tard, peu avant que Cromwell ne mourût dans son lit.