Trop jeunes pour mourir

Ils étaient trop jeunes pour mourir, ces militants de la Fédération communiste anarchiste (FCA) qui, à l’orée des années 1910, s’activaient sans répit pour empêcher la catastrophe. À 20 ans, la grande poussée ouvrière de 1906 les avait fait vibrer. La CGT était leur seconde famille, la grève générale leur horizon. Face à l’État, ils proclamaient leur volonté de « saboter la mobilisation » si la guerre éclatait. Et ils s’y préparaient, en effet, malgré une répression de plus en plus brutale. En suivant le fil rouge de la FCA, ce livre dévoile le con – texte de l’avant-guerre, souvent éclipsé par le cata clysme de 1914, et explore le mouvement ouvrier d’alors : son organisation, ses passions, ses fractions, ses personnages, ses controverses, ses petites et ses grandes luttes. On y revivra les grèves des PTT en 1909, celle du rail en 1910 ou du bâtiment en 1911, émaillées d’actes de sabotage… On s’y plongera dans les affaires qui défrayaient la chronique : Ferrer, Aernoult- Rousset, Bonnot… On y découvrira l’enthousiasme des libertaires pour la Révolution mexicaine, tandis que se multipliaient les bagarres au Quartier latin contre les Camelots du roi. On verra la CGT, dont la période héroïque était révolue, se dé – chirer sur la stratégie, alors que les femmes et la « maind’oeuvre étrangère » s’invitaient dans le débat syndical. On assistera enfin, dans un climat croissant de réaction belliciste, à la traque aux « antipatriotes », menacés du bagne militaire et du peloton d’exécution.