Rédigée à la Bastille en 1787, cette déclaration de guerre contre Dieu est aussi un appel à jouir sans limites. Sa frémissante beauté sacrilège heurte de front non seulement les dogmes du clergé mais aussi tous les moralismes passés, présents et à venir – tel celui qui, gentiment saupoudré d’hédonisme marchand, corsète encore de nos jours les chairs et les désirs.
Cette diatribe déicide est l’une des rares œuvres en vers de l’auteur de Justine. Ces alexandrins ravissent par leur ton si singulièrement sadien – ces termes crus, cette amère satire qui se mêlent aux vertiges de la pensée libre. On y retrouve surtout les principaux thèmes impies qu’il développera dans sa Philosophie dans le boudoir et qui, agrémentés de scènes libertines, sont indissociables de la meilleure partie de son œuvre romanesque.
« Sade contre Dieu, c’est Sade contre Robespierre, Sade contre Napoléon,
Sade contre tout ce qui constitue de près ou de loin une mainmise, de quelque nature qu’elle puisse être, sur la toison étincelante de la subjectivité de l’homme. »