DOUCEUR DE L’AUBE

Cette incursion dans le monde bureaucratique est pour lui l’occasion de découvrir les travers d’une société sclérosée par la peur qu’inspirent le Parti et sa police : la vie de caserne de l’université, le puritanisme des mœurs, la surveillance et la délation, l’interdiction de voyager librement, l’hypocrisie qui préside aux relations avec les prétendus « amis étrangers », toujours considérés comme des espions potentiels. Le pays est à la veille du moment où, au printemps 1966, l’idéologie atteindra son point d’explosion avec le déclenchement de la « révolution » « culturelle ». Avec le début de cette gigantesque manipulation orchestrée par Mao, la situation des deux amants devient intenable. Ils tentent d’en sortir en se montrant brusquement au grand jour mais la jeune fille disparaît à tout jamais. Le Français est obligé de quitter la Chine sans l’avoir revue. Cinquante ans ont passé. L’auteur est devenu un traducteur de chinois réputé. Mais cette courte période de sa vie est restée une plaie jamais refermée. L’ouvrage s’adresse aux lecteurs qui ne connaissent de la Chine que le « miracle » économique provoqué par l’ouverture sur le marché mondial et l’invasion de la marchandise. Il rappelle les fondements de cette société basée sur l’exploitation forcenée de la paysannerie, transformée en une couche de migrants, « sans-papiers » dans leur propre pays, exercée par une bourgeoisie rouge qui exerce un pouvoir implacable sur toute la population.

L’auteur : Hervé Denès a été professeur de français en Chine, et interprète de chinois pendant de longues années en France. Il compte parmi les rares connaisseurs francophones de la Chine qui ont critiqué, avec Simon Leys et René Viénet, le régime despotique chinois au temps de la maolâtrie de l’intelligentsia parisienne. Il a participé à l’un des ouvrages fondateurs de la dénonciation de ce régime, deux ans avant la mort de Mao Zedong : Révo. Cul. Dans la Chine Pop. (10/18, 1974). Il est traducteur de Chinois (exemples d’ouvrages réputés) et d’anglais. Il est membre du collectif éditorial L’insomniaque depuis 20 ans et coauteur (sous le pseudo de Hsi Hsuan-wou) avec Charles Reeve de Bureaucratie, Bagnes et Business (L’Insomniaque, 1996) , de China Blues (Verticales, 2008) et de Les mots qui font peur (L’Insomniaque, 2011).