En trente ans, la Chine est devenue l’immense usine qui fournit au consommateur occidental toute la camelote dont les marchés sont inondés.
Comment s’est produit ce « miracle » qui bouleverse l’ordre du monde ? Plus de deux cents millions de paysans ont quitté leurs villages de l’intérieur de la Chine pour aller se faire embaucher dans les usines de la côte.
Seize paysannes devenues ouvrières racontent leur aventure, souvent cruelle, une fois débarquées dans les villes où sévit un système d’exploitation féroce. Bas salaires, horaires démentiels, discipline brutale, encasernement – les conditions décrites par les femmes qui témoignent dans cet ouvrage révèlent de véritables bagnes industriels.
Pourtant, rentrées au village avec un pécule, elles ne tardent pas à repartir car la ville a ouvert leur horizon et offert la possibilité de nouer des liens amicaux ou amoureux hors du carcan patriarcal et d’échapper aux mariages forcés.
Elles y découvrent aussi la lutte, les grèves et la force de la solidarité ouvrière. C’est alors un va-et-vient incessant entre le village arriéré auquel on reste attaché sentimentalement et la ville où l’on cherche à s’émanciper – malgré l’exploitation féroce de la main-d’œuvre dans l’atelier du monde.
On lira ces témoignages – recueillis récemment par une sociologue de Hong Kong – avec d’autant plus d’intérêt que ce genre de document est rare en français et qu’il devrait titiller quelque peu la bonne conscience repue du consommateur occidental.